Le CBD n'est pas narcotique

Le CBD est-il Narcotique ?

Consultable gratuitement sur internet, le Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine est une source incontournable pour les désireuses et désireux d’éplucher le sens des mots utilisés de nos jours pour parler du Cannabidiol (CBD), la « molécule de la mode ». Si vous faites par exemple partie de ce groupe de personnes ayant compris que le CBD n’est pas un narcotique mais qui demeure néanmoins sans comprendre ce que narcotique veut dire, ce dictionnaire peut sans aucun doute vous être utile.

À propos, la remarque d’une petite curiosité nous paraît d’ores et déjà pertinente. Lorsque sur le moteur de recherche dudit dictionnaire nous tapons le vocable « Cannabidiol », aucun résultat ne s’affiche. Ainsi, ce n’est effectivement pas pour que nous ayons l’impression de posséder une définition savante du « CBD » que cet usuel nous intéresserait mais pour que, en possession de ce qu’il nous offre, nous nous sentions capables de déchiffrer les mots qui entourent la définition du « CBD » que nous connaissons déjà – si tant est que nous en connaissions une.

Quant aux définitions qui pullulent ci et là, il faudrait se demander comment en trouver une qui soit à la fois intelligible, complète et rigoureuse. C’est parce qu’il s’agit là d’une question à laquelle on ne peut apporter de réponse commune à tous les niveaux de connaissance que nous proposons de faire ici quelques pas de côté – dans le but, bien sûr, de mettre en évidence des outils permettant à nos lecteurs de s’emparer souverainement de quelques résultats d’études concernant les effets du Cannabidiol.

Le CBD et la myriade de définitions qui l’entoure

La question de savoir à quel type de document dois-je me référer pour avoir une information construite sur des données obtenues selon une méthode rigoureuse restera toujours d’actualité (raison pour laquelle elle mérite d’ailleurs d’être traitée à part). Autrement dit, on gagne à s’occuper prioritairement d’outils nous permettant de reconnaître une source fiable d’information – en quelque matière que ce soit. À côté de la fiabilité, la clarté d’une information importe en premier lieu. Car nul n’est autorisé à oublier que peu nombreux sont les citoyens scolarisés ayant suivi une formation leur permettant de déchiffrer des descriptions purement scientifiques comme celles du CBD qui suivent : Formule : C21H30O2. Masse molaire : 314,47 g/mol. Numéro CAS : 13956-29-1. Formule brute : C21H30O2. Nom UICPA : 2–5-pentylbenzène-1,3-diol. CID PubChem : 644019. En effet, ces combinaisons alphanumériques font peur ; puis, soyons honnêtes, elles ne nous apprennent pas grand-chose.

D’autres définitions que les formules incompréhensibles que nous venons de lire sont facilement trouvables sur internet. Par exemple… « Le Cannabidiol (CBD) est un cannabinoïde présent dans le cannabis. Le CBD est un phytocannabinoïde bicyclique extrêmement lipophile. » Soit. Mais que peut-on comprendre par là quand on n’est pas initié ? Pas plus qu’avec des formules. Et pourtant, sur internet, quand on rentre le terme Cannabidiol sur n’importe quel moteur de recherche, c’est sur des réponses semblables à celles-là que l’on tombe. Et puis ? À quoi sommes-nous confrontés lorsque nous allons un peu plus loin dans la lecture du premier résultat qui s’affiche suite à une première recherche rapide ? « [Le CBD] est un des constituants majeurs des cannabinoïdes du chanvre (comprenant notamment les différents types de THC, le CBN, le CBG, et bien d’autres alcaloïdes, ainsi que des terpènes ou terpenoïdes et les flavonoïdes). » Ces phrases entre guillemets sont consultables en novembre 2020 sur Wikipedia dans l’introduction de son article sur le CBD. (Nous reviendrons sur chacun de ces termes dans d’autres articles.)

La lecture soignée de ce type de description ou définition permet aisément de conclure que le flou autour du CBD n’est pas de nature uniquement juridique. Plusieurs sont en effet les acteurs qui parlent de cette molécule qui nous intéresse tant. Le secteur agricole, les startups, le pouvoir législatif et les chercheurs mais aussi les blogueurs, les commerçants et les consommateurs dressent leur langue ou aiguisent leur plume pour émettre des considérations autour de ce « cannabinoïde à succès ». Mais, comme nous voyons, ces considérations sont plus ou moins précises, plus ou moins intelligibles. À ce propos, rien ne nous coûterait de faire ici un rappel de notre cadre juridique européen concernant les cannabinoïdes.

Cadre des Nations

Certains pensent que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est l’organe majeur en matière de régularisation du chanvre en Europe. Faux. Cette tâche revient à la Commission des stupéfiants (CND) de l’Organisation des Nations Unies (ONU). (Pourquoi CND ? C’est le sigle de Commission on Narcotic Drugs.)

À titre de rappel, il faut souligner que la CND a publié une convention internationale encadrant le cannabis : la « Convention Unique sur les Stupéfiants de 1961 ». De nos jours encore, le « cannabis et ses extraits » sont classés dans le tableau 4 (celui contenant les substances les plus nuisibles) de ladite convention – sans qu’il n’y ait sur ce document aucune précision du type de cannabis ou de ses extraits à être classés comme stupéfiants. En outre, il faut souligner en contrepartie que l’évolution de la recherche depuis 1961 a engendré une actualisation du cadre sanitaire et juridique permettant de « définir avec précision les différentes variétés de cannabis » ainsi que de « définir avec précision ses différents extraits (et donc les cannabinoïdes) ».

Mais comme de nos jours aucun cannabinoïde n’a été défini par la Commission elle-même, le flou persiste. Or, de multiples études médicales récentes ainsi qu’un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé concluant que le CBD n’est ni addictif, ni psychotrope, forcent le vent à tourner. Aujourd’hui, c’est l’OMS même qui recommande à l’ONU de modifier la Convention du CND dans le sens de cataloguer le Cannabidiol comme un complément alimentaire et non pas un « stupéfiant » (« narcotique »).

Aux avides de précision, il importe de dire que la recommandation n o 5.4 de l’OMS vise à la suppression des « extraits et teintures » de cannabis du tableau 4 de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. Puis, la recommandation n o 5.5 vise à l’ajout d’une note de bas de page à l’inscription du cannabis pour préciser que les préparations contenant principalement du CBD et jusqu’à 0,2% de THC ne doivent pas être soumises à un contrôle international. En de termes plus généraux, la commission européenne travaille actuellement à déterminer une position commune sur le Cannabis sativa L., et si les fleurs et les extraits de fleurs de chanvre doivent être considérés comme des aliments ou comme des stupéfiants.

Par ailleurs, et avant que nous ne passions aux points de définition, une considération de poids ne doit pas nous échapper : si le CBD d’origine naturelle venait à être officiellement classé comme produit narcotique, seuls les opérateurs pharmaceutiques pourraient le traiter. Tout permet alors de conclure que, dans un tel cas, la liste européenne des critères de production du cannabis synthétique expulserait du marché les entrepreneurs et agriculteurs qui investissent ce secteur de nos jours.

Et narcotique, que ça veut dire ?

C’est ici que le mot des médecins peut nous conduire vers le discernement. Pour savoir ce que narcotique veut dire, rien de plus légitimé que leur parole, d’autant plus qu’elle soit éditée dans un dictionnaire qui porte le sceau de leur Académie.

Par la consultation du dico des toubibs sur le net, il nous est d’emblée permis de constater qu’il y a deux articles pour l’entrée « narcotique ». Le premier article affiche ce terme dans sa fonction d’adjectif. Dans ce sens, narcotique est le terme qualifiant « un produit qui provoque le sommeil », tout simplement, mot par mot. Il n’est alors pas interdit d’affirmer que c’est tout simplement parce qu’une des qualités du CBD serait celle de provoquer le sommeil qu’il pourrait être classé comme narcotique (stupéfiant) – auquel cas il deviendrait selon la loi française un produit exploitable par le secteur pharmaceutique, exclusivement.

Par la suite, le Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine affiche, nous venons de le dire, un second article. Cette fois, le terme « narcotique » est présenté comme un substantif masculin désignant un « produit qui entraîne un état psychique d’euphorie et d’excitation suivi de torpeur si une dose suffisante est atteinte ». Il est surprenant de constater que la qualité narcotique endort tandis que la substance narcotique éveille ! Le « produit narcotique » provoquerait en d’autres termes des effets opposés à ceux qui sont entraînés par la consommation d’un produit qui aurait seulement des qualités narcotiques. Enthousiasmante logique que celle des médecins !

Il y aurait donc en résumé, et d’après le raisonnement des experts, une différence entre l’action narcotique d’un produit et l’action d’un produit narcotique. C’est du moins ce qui nous disent les rédacteurs du dictionnaire des médecins. En dépit de la confusion que peut susciter la plasticité spectrale de l’hypothétique action du narcotique présentée par leur vocabulaire, leurs mots sont pour nous d’une aide innommable. « La sensibilité est assoupie et le tonus musculaire est relâché », disent-ils par ailleurs de la torpeur narcotique. En face de quoi, nous nous autorisons à demander : ce sont donc là les raisons d’avoir classé le cannabis et ses extraits dans le tableau 4 de la Commission Unique des Stupéfiants de 1961 ? Peut-être pas. Il y avait certainement d’autres raisons que celles de provoquer le sommeil ou relâcher le tonus. Toujours est-il que CBD est aujourd’hui en libre circulation en France seulement parce qu’il a été déterminé par les autorités locales que ce n’est pas un produit stupéfiant ; autrement dit, pas narcotique.

Conclusion

Pour ne pas finir cet article en laissant le lecteur dans le doute, nous tenons à dire qu’a raison celui qui aurait compris la synonymie entre « narcotique » et « stupéfiant ». Cela tient à une vieille question de langue pouvant être résumée par quelques mots du dico que nous utilisons déjà. Sur l’article second de l’entrée « narcotique » du Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine, nous lisons effectivement qu’« un tel produit psychotrope, généralement illicite, est appelé “drogue” ou “stupéfiant” en français ». Voilà tout.

Puis, ne refusons pas de nous accorder sur le fait que la notion de narcotique ou stupéfiant justifierait la prohibition du CBD ou de tout autre produit seulement si nous acceptions d’admettre que nous nous interdisons des molécules bénéfiques à la santé à cause du fait que leur bénéfice est plaisant ou, en tout cas, parce qu’elles entraînent soit l’euphorie ou l’excitation soit le sommeil ou la relaxation.

En attendant, il a été pour l’instant officiellement déterminé que non : le CBD n’est pas narcotique ; ni stupéfiant.

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